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À l’arrêt depuis 1981 après plus de 75 ans de bons et loyaux services, le mécanisme de l’horloge de l’église de Linthal, réalisé par le grand-père de Tomi Ungerer, a été réhabilité par le conseil de fabrique.

L’équipe d’installation, dont Philippe Krust, à gauche, et Hyacinthe Franck, présidente du conseil de fabrique au centre. DR

Le 9 février, Tomi Ungerer rejoignait « Jean de la Lune » au paradis des illustrateurs. Si les albums de l’artiste ont bercé la scolarité d’innombrables « géants » et « brigands » des cours de récréation, savons-nous vraiment que la famille Ungerer rythme quant à elle le quotidien de générations d’Alsaciens depuis plus de 150 ans ?

Car les ancêtres du grand Thomas étaient d’éminents horlogers, de père en fils, investis au service de la cathédrale de Strasbourg comme de nos plus modestes églises de campagne. Il en était ainsi à Linthal, où le mécanisme d’horlogerie Ungerer, datant de 1904, vient d’être restauré. Attardons-nous un peu sur le parcours de cette dynastie d’artisans…

Redonner vie aux engrenages

Nous sommes en 1838, à Strasbourg, et depuis quarante années, l’horloge astronomique de la cathédrale ne fonctionne plus. Il s’agit de la deuxième horloge, conçue notamment par Konrad Hasenfratz dit Conrad Dasypodius (1531-1601). Redonner vie aux célèbres engrenages est le rêve d’enfance d’un horloger autodidacte strasbourgeois, professeur de mathématiques et ancien vérificateur des poids et mesures : Jean-Baptiste Schwilgué (1776-1856).

Pour relever son défi, celui-ci s’entoure d’une équipe d’employés, dont les frères Ungerer qui deviendront plus tard ses contremaîtres : Albert (1813-1879) et Auguste-Théodore (1822-1885). Leur père Michel Jacques était pasteur à Hangenbieten et leur mère Henriette Frédérique Donauer est elle-même issue d’une lignée de pasteurs bavarois.

Une dynastie familiale

À la mort de Jean-Baptiste Schwilgué en 1856, la troisième horloge aura la configuration que nous lui connaissons encore maintenant. C’est son fils Charles qui lui succède mais dès 1858, on retrouve les frères Ungerer à la tête de l’entreprise.

Après la disparition des deux frères, ce sont leurs fils qui vont s’associer : Jules, fils d’Albert, et Alfred (1861-1933), fils d’Auguste Théodore et grand-père de Tomi. C’est à eux que nous devons le mécanisme qui sera installé à Linthal sous la raison sociale « J. et A. Ungerer ».

L’entreprise Ungerer réalisera, entre 1930 et 1933, la plus grande horloge astronomique du monde pour la cathédrale de Messine, en Italie. Devenue ultérieurement la « Strasbourgeoise d’Horlogerie », la société assurera l’entretien de celle de Strasbourg, des origines en 1858 jusqu’en 1989, année où elle fut acquise par la société Pierre Bodet.

Quand la commune construit un nouveau clocher

Au cours du mois de février 1904, l’horloge Ungerer trouve donc sa place dans le clocheton d’origine de l’église de Linthal, à l’initiative du maire Joseph Gerrer et du curé Eugène Sigrist. Mais l’exercice du mécanisme d’horlogerie sera de courte durée dans ce campanile.

Dès le 26 avril 1903, la commune avait décidé d’une coupe extraordinaire de bois destinée à financer la construction d’un nouveau clocher. Les vibrations du carillon des quatre cloches endommageaient en effet la sonorité de l’orgue.

Le 25 février 1906, la municipalité décide d’ériger un clocher-porche devant l’église. Dans la semaine du 9 au 15 novembre 1908, le mécanisme est remonté dans son nouvel habitacle. Deux cadrans seront payés par la paroisse, un troisième sera financé par la commune. Une fête inaugurale du clocher a été organisée le 7 mars 1909.

Remonté jour après jour par une employée communale, le mécanisme Ungerer rendra de bons et loyaux services pendant plus de 75 ans. Le 21 février 1981, la municipalité vote son remplacement par une horloge électrique. Les engrenages resteront cependant en place dans leur armoire d’origine pendant encore près de quatre décennies.

 (mise en ligne ojl le 22-03-19)

(aticle du journal L'Alsace)